1811
Combat Naval d'Arromanches

Si Arromanches est entré dans l'histoire mondiale, c'est évidemment en raison du débarquement allié du 6 juin 1944, mais ce n'était cependant pas la première fois que le nom
d'Arromanches s'illustrait dans l'Histoire militaire.

En septembre 1811 c'est une bataille navale qui va justifier l'événement.
A cette époque l'Empire de Napoléon 1er domine l'Europe
alors que l'Angleterre règne sur les mers.

Afin de l'affaiblir Napoléon, dès 1806, avait instauré "le blocus continental" empêchant le débarquement des marchandises anglaises dans les ports européens, afin de paralyser le Commerce. Mais cette mesure, difficilement généralisable, n'ayant pas toute l'efficacité souhaitée l'Empereur envisage, en 1811, de préparer à Cherbourg, un débarquement en Angleterre.
La construction navale s'amplifie dans plusieurs ports français et ordre va être donné
aux navires de rejoindre Cherbourg. Mais la marine anglaise surveille
les côtes françaises et la mission est difficile.

Arromanches, depuis le XVIIIème siècle possédait un fort, sur la falaise, armé d'une batterie
de canons, afin de protèger "la fosse d'Espagne", lieu de mouillage pour les navires,
entre les "rochers du Calvados".

Début septembre 1811 une flottille de six canonnières , placée sous le commandement de l'Enseigne de Vaisseau François Jourdan de la Passardière (23 ans),
quitte Boulogne pour rejoindre Cherbourg.

Rapidement repérée par les Anglais la flottille est prise en chasse par des vaisseaux ennemis et attaquée. Grâce à une défense énergique et à l'habileté de ses Capitaines elle arrive à se dégager et fait route vers Port-en-Bessin mais, voyant qu'elle n'aura pas le temps d'y arriver, elle vient se réfugier dans la "fosse d'Espagne" où elle va se préparer au combat.

La frégate anglaise "Barbadoës" va bientôt se mesurer aux canonnières soutenues
par la batterie du fort mais, bien que rejointe par le brick "Goshawk",
les deux navires ennemis devront reprendre le large.

Le dimanche 8 septembre, retour des ennemis, cette fois au nombre de trois,
avec la frégate "Hotspur".
Le Commandant de cette dernière, jugeant que la meilleure manière de vaincre est d'écraser la flottille française sous le feu de l'artillerie anglaise, beaucoup plus importante, fait entrer
son vaisseau dans la "fosse d'Espagne", suivi des deux autres navires.
Les canonnières semblaient perdues mais la manoeuvre hardie du "Hotspur" l'avait fait s'échouer entre les rochers et l'attaquant, immobilisé, devenait vulnérable.

La marée baissant le vaisseau s'inclinait sur le côté et ses boulets n'atteignaient pas la coque des petits bâtiments français cependant durement touchés par le feu de sa mitraille.
Les autres navires anglais appuyaient la frégate échouée en effectuant un tir nourri
sur les canonnières et le fort.
Le feu était si violent et la fumée si intense que, par moments, les servants des canons
n'y voyaient plus pour pointer leur artillerie.

Les canonnières des Capitaines Jourdan et Le Comte s'acharnaient sur le "Hotspur",
aidées par le fort qui tirait avec des boulets chauffés à blanc afin de mettre le feu au navire.
Après deux heures de combat le vaisseau anglais, plus ou moins démâté et incendié,
la plupart de ses batteries hors-services, aurait peut-être pu être coulé si le fort
n'avait pas manqué de munitions…
La nuit tombant le combat cessa progressivement.

gravure de Morel Fatio

La marée montante permit au "Hotspur" de se remettre à flot et, ayant réparé tant bien
que mal son gréement, remorqué par ses deux alliés, il quitta la "fosse d'Espagne".
Les six canonnières, aidées par le fort, totalisant 26 bouches à feu, avaient repoussé les trois navires anglais qui possédaient eux 120 canons !

Les Français auraient eu sept tués (dont six furent inhumés dans l'ancien cimetière d'Arromanches) et dix-sept blessés. Deux canonnières avaient été mises hors de combat
mais l'une fut réparée et put rejoindre les quatre autres pour leur retour à Cherbourg
(après d'autres aventures) où elles arrivèrent enfin le 3 Novembre.
François Jourdan fut proposé pour la "légion d'honneur".
Il participa (comme Lieutenant d'Infanterie !) aux dernières campagnes napoléoniennes
et rentra à Brest en 1814. Promu Lieutenant de vaisseau en 1818
il fut nommé "chevalier de Saint Louis" en 1823.

Il prit sa retraite en 1848 comme Capitaine de vaisseau de 1ère classe et mourut à Brest en 1851.
Une rue d'Arromanches porte son nom et un monument, en forme d'obélisque,
(inauguré en 1911) sur la falaise, commémore le combat naval de 1811.

( D'après M.G. Villers, 1895 )

François Jourdan de la Passardière


En 1911 un monument avait été érigé pour célébrer le Centenaire de cet événement.


Bicentenaire
du Combat naval d’ARROMANCHES

La Commémoration de ce Combat a eu lieu le samedi 10 Septembre 2011
à l’initiative du Souvenir Napoléonien et de la Commune d’Arromanches.

Précédée de deux très intéressantes conférences (à la Salle des Fêtes) l’une sur la bataille elle-même, présentée par M. Daniel Werba (du Souvenir Napoléonien) et l’autre sur les péripéries pour l’érection et l’inauguration du monument-souvenir en 1911, par M. Pascal Baptiste
(auteur de livres sur Arromanches), la Cérémonie s’est déroulée sur le coteau, auprès du monument rénové, en présence du Préfet maritime le vice-amiral Nielly, de la Municipalité,
d’un descendant du héros principal de ce combat ( l’enseigne de vaisseau
François Jourdan de La Passardière) et d’une Garde d’honneur de marins de Cherbourg.

Brèves allocutions du Maire et du Préfet, dévoilement de la nouvelle plaque, dépôt de gerbes, minute de silence et honneurs rendus par la Garde et les drapeaux des Anciens Combattants.

Cette commémoration a rappelé aux Arromanchais que leur Commune avait déjà connu
son '" heure de gloire " avant celle apportée par " le jour J "...

Ci-dessous quelques images de cette cérémonie